Tout régime politique applique une forme de domination, reconnue (Ancien-Régime) ou non ("démocraties modernes"), sur les esprit de ses sujets. Ce qui maintient la force de ce régime, ce sont deux poids, deux lests, situés à l'opposés l'un de l'autre, et dont la tension soutient tout l'édifice idéologique. Ce schéma a parcouru l'histoire de l'humanité depuis les premiers monothéismes (notion de Paradis et d'Enfer) en prenants différentes formes. En descendant dans la sphère politique, il a pris de nouveaux avatars par lesquels de nouveaux régimes politiques s'établissaient: les monarchies de droits divins en héritaient par exemple le fonctionnement, en faisant de l'hérétique l'incarnation de Belzebuth sur Terre.
Les régimes politiques modernes prétendent s'etre débarassés de ces références subliminales au Bien et au Mal mais elles ne se sont débarassé que des formes; les processus politiques et idéologiques à l'oeuvre dans le Communisme, le Libéralisme, l'Anarchisme, reposent tout autant sur de l'irrationnel en révérant un principe dont la force et le rayonnement sont ceux d'un évangile - en un mot de sont des religions sans Dieux. Dans les périodes de crises, chacun de ces régimes laisse affleurer ces rouages cachés et persécute au nom d'un culte et d'un idéal, l'hérétique: pour le communiste, il s'agit du bourgeois. Pour le capitaliste des années 50 il s'agit à l'inverse du communiste. Pour le révolutionnaire Parisien de 1792, il s'agit du royaliste. Chaque période de Terreur dans l'histoire de l'humanité exhibe ces ennemis jurés du système en place; elle ne les invente pas, elle les rend juste plus visibles, et les processus sociaux, psychologiques, politiques, par lesquels se désignent cet ennemi, sont similaires: ils se basent avant tout sur le doute. L'accusation lancée est bien souvent suffisante, et plus efficace que n'importe quel procès, car ce sont bien les ressorts psychologiques et subliminaux qui sont utilisés. Que le communiste soit communiste ou que le royaliste soit royaliste importe peu... si la rumeur le dit et si les on-dits se recoupent, alors c'est qu'il y a du vrai. Ce mécanisme est invariablement répété lors de toutes les purges de l'histoire de l'humanité.
Quels sont donc les principes idéologiques qui gouvernent notre époque ? Quel est donc le "sacré" dans un temps ou toute transcendance a été évacuée de la Loi des Hommes ? Et qui sont donc les nouveaux hérétiques ? Il suffit de regarder la société lorsqu'elle se tend, ses réflexes nous éclairent. Il y a quelques semaines dans les média, à la suite du premier tour des élections cantonnales, les "front républicains" faisaient florès ici et là, tout en demeurant bien moins clinquants et vigoureux que ceux de 2002 après le passage de Jean-Marie Le Pen au second tour. En ces temps prospères pour Marine Le Pen, média et politiques tentent de trouver la nouvelle prise de judo qui leur permettra de mettre leur nouvelle ennemie au tapis, car les prises faciles offertes par Jean-Marie ont disparu: pas de propos scandaleux a retrouver dans les archives, pas de jeux de mots provocateurs, pas d'avantage de condamnations en justice.
La stratégie toute trouvée pour expulser cet ennemi c'est donc celle du recours religieux au sacré de notre époque: "république-démocratie-Droits de l'Homme". La nouvelle alliance: "l'arc/front Républicain". Que le mot de "non-Républicain" soit lancé et il suffit à justifier qu'on ne défende pas la liberté d'expression du concerné. Qu'il soit réellement non-Républicain n'est pas la question, mais puisque le mot est laché et repris en boucle, alors il est implicitement admis par l'opinion.
Mais un journaliste sérieux s'est-il penché sur la question de ce qu'est une République, afin de nous démontrer ce qu'il y a dans le programme du FN d'anti-Républicain ? Y a-t-il quelque part dans le programme, un retour à la Monarchie de prévu, et qui aurait echappé à tous ? La vérité est qu'en ces temps d'ignorance historique et politique, l'essentiel des gens, journalistes en tête, n'ont aucune connaissance solide de ce qu'est le concept de République, particuliérement de République Française.
Si un de ces journalistes existait il s'interrogerait par exemple sur le fait suivant, en partant du texte de notre Consitution:
ARTICLE 5.
Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État.
Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités.
Notre Président est le "garant de l'indépendance nationale". Or, le traité de Lisbonne donne à Bruxelles la "compétence exclusive" sur certains sujets clé de la vie nationale: le budget, les frontières, pour ne citer qu'eux, et en évitant de parler de l'émission de la monnaie... L'Article 5 de la Véme République est donc purement est simplement jeté au panier !
Mieux, intéressons-nous aux conditions dans lesqueles ce traité de Lisbonne fut mis en place ! Ce traité est institué aprés que le peuple l'eut rejeté par référendum ! Giscard d'Estaing déclarait qu'il n'y aurait d'autre solution pour le peuple Français que de revoter. En Irlande d'ailleurs, c'est ce qui advint: le peuple eut à le revoter aprés une période Orwellienne de ré-éducation. Cohn-Bendit, ayatollahs du Républicanisme, considérait d'ailleurs tous ceux qui avaient voté NON comme des "malades mentaux".
Voilà donc la situation ubuesque que nous connaissons, ou un "front Républicain" en violation des principes de la République, jette au bûcher de supposés anti-Républicains dont rien ne démontre qu'ils sont contre les principes de ladite République !